« La crise sanitaire a confirmé la solidité de notre gouvernance », Lionel Christolomme, président du directoire du groupe Léon Grosse, et Olivier Crillon, directeur général

Bâtiment -

Arrivé aux commandes de Léon Grosse il y a près de trois ans, le tandem dirigeant se félicite d'avoir remis à flot l'ETI familiale.

 

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« La crise sanitaire a confirmé la solidité de notre gouvernance », Lionel Christolomme, président du directoire du groupe Léon Grosse, et Olivier Crillon, directeur général
Olivier Crillon (à g.) et Lionel Christolomme comptent développer le pôle transition énergétique par des recrutements et de la mobilité interne.

Avez-vous réussi à faire de Léon Grosse la plus belle ETI de France, comme vous nous l'indiquiez en 2019 ?

Lionel Christolomme : Cela reste plus que jamais notre ambition ! Le bateau était prêt, nous avions le bon équipage, le cap était clair, mais en 2020, à cause de la pandémie, nous avons dû baisser les voiles… La phase de réinitialisation de l'entreprise a eu lieu, nous avons mis en place les fondamentaux, les process clés ont été remis à plat. Voilà le bateau Léon Grosse à nouveau prêt pour la course.

Quels ont été vos résultats en 2019 et 2020 ?

Olivier Crillon : En 2019, nous avons souhaité mettre un terme à la course au volume et faire preuve de davantage de sélectivité dans nos prises de commandes. Alors que nous avons enregistré 826 M€ de chiffre d'affaires (CA) cette année-là, nous avions redimensionné l'entreprise pour réaliser autour de 650 M€ de CA en 2020 et afficher des résultats positifs. En raison du Covid et de l'arrêt des chantiers, nous avons finalement atteint 564 M€ de CA. Le deuxième semestre a permis de rattraper en grande partie les effets du premier confinement. La rentabilité, qui devait être positive, est malgré tout restée dans le rouge, mais de manière limitée (- 1,6 %) grâce à ce second semestre positif.

Quelles sont vos prévisions pour 2021 ?

L. C. : Le Covid-19 a testé la solidité financière de notre entreprise. Nous en sommes satisfaits, puisque nous avons renforcé notre trésorerie, si bien que nous n'avons pas eu besoin de contracter un prêt garanti par l'Etat et que nous ne le ferons pas. La crise sanitaire nous a également permis de confirmer la solidité de notre gouvernance, de la numérisation de nos process et de notre cohésion d'équipe. Pour 2021, le premier trimestre a été bon et nous disposons d'un carnet de commandes de dix-sept mois. Nous visons un CA de 650 M€ et un résultat positif, entre 1,5 et 2 %. Pour la suite, nous tablons sur une activité en nette progression, avec un objectif de 900 M€ d'ici à cinq ans adossé à un plan stratégique, qui vise à générer une activité durable.

Comment s'articule ce plan ?

L. C. : Notre stratégie s'appuie sur trois pôles. D'abord, la construction, qui restera l'ADN de l'entreprise et nourrira son développement à hauteur de 70 % de son CA d'ici à cinq ans, contre 80 % aujourd'hui. Ensuite, le renforcement de LG Immobilier qui réalisera 10 % du CA global en 2025. L'arrivée à sa tête d'Emilie Palanque [ex-DG de Linkcity Europe centrale, NDLR] donnera un nouveau souffle à ce pôle qui se focalisera notamment sur la santé et le bien-être à travers des résidences seniors, des logements adaptables, des maisons de santé… Et enfin, le développement des métiers de la transition environnementale et énergétique, qui devraient représenter 20 % du chiffre d'affaires de Léon Grosse en 2025.

En quoi l'acquisition de Kyotec en septembre 2020 s'insère-t-elle dans cette stratégie ?

L. C. : Kyotec développe des façades architecturales techniques. Or, en embarquant du monitoring climatique, la peau des bâtiments nous permettra de répondre aux enjeux environnementaux. Cette entité, qui représente 8 % du CA de Léon Grosse, s'inscrit dans le troisième pôle, celui de la transition énergétique, aux côtés de Guiban (5 % du CA de notre groupe), acquis en 2015 et spécialisé dans le traitement de l'eau et de l'air.

Kyotec restera donc indépendante ?

L. C. : Oui, nous serons dans une démarche de synergies, où chacun apporte à l'autre des affaires. L'interaction entre la façade et le gros œuvre est critique et nous pouvons donc désormais proposer à nos clients une réponse intégrée, si le projet le nécessite. Nous profiterons également des implantations de Kyotec pour nous développer dans certains pays, comme le Royaume-Uni, la Belgique, le Luxembourg, la Pologne, et tout récemment l'Italie où le façadier a ouvert un bureau d'études il y a deux mois. Nous travaillerons ensemble sur les projets de manière opportuniste, en étant à l'écoute de nos clients, mais nous ne forcerons pas les choses.

D'autres structures ont-elles vocation à venir renforcer le pôle transition énergétique ?

O. C. : Nous avons créé en 2021 Léon Grosse Energies renouvelables, une structure axée sur la solarisation des toitures. Cette entité propose une offre clés en main aux collectivités et aux entreprises allant du financement jusqu'à la vente d'énergie verte, en passant par la pose et la gestion de panneaux photovoltaïques. Cette énergie verte pourra donc être autoconsommée ou réinjectée dans le réseau. Nous avons remis des propositions pour 20 MWh, dans le cadre de réponses à des appels d'offres ou du développement d'opérations propres à Léon Grosse, et 20 autres MWh sont à l'étude. Cette nouvelle activité devrait générer entre 5 et 10 M€ de CA sur les douze prochains mois. Dans un deuxième temps, une nouvelle brique pourrait intégrer notre offre : les chaudières biomasse, notamment à destination des copropriétés. Et nous sommes à l'écoute du marché pour faire évoluer cette structure par une croissance externe, afin de mailler le territoire.

« Le deuxième semestre 2020 a permis de rattraper en grande partie les effets du premier confinement. »

Comment le groupe répond-il aux besoins de la rénovation énergétique et de la construction bas carbone ?

L. C. : Iris, notre entité dédiée à la rénovation en site occupé née en Ile-de-France, a vocation à se déployer. Elle est aujourd'hui également présente en Normandie et dans les Hauts-de-France - ses locaux ont été inaugurés début juillet - et elle commence à essaimer à Dijon, Nantes, et dans le sud de la France. Dans un premier temps, Iris répond au marché avec le support d'une de nos 40 agences régionales. Lorsque son activité atteint une taille significative, elle s'implante localement. Par ailleurs, afin d'accompagner l'évolution des modes constructifs plus vertueux, nous avons tissé un réseau de partenaires pour développer des solutions mixtes bois-béton dans le cadre de nos projets et nous finalisons actuellement un partenariat avec Vicat pour notamment mettre au point des solutions de béton bas carbone.

Disposez-vous des talents nécessaires pour porter votre plan stratégique ?

L. C. : Nous embaucherons et accentuerons la mobilité interne pour porter notre développement, notamment vers les métiers de la transition énergétique. Comme toutes les entreprises de construction, nous rencontrons des difficultés dans le recrutement de chefs de chantier, chefs d'équipe et compagnons. Nous relançons donc l'Ecole Léon Grosse qui ouvrira ses portes en décembre, et nous travaillons à la mise en place de l'Université Léon Grosse, qui accueillera ses premiers étudiants début 2022. L'Ecole et l'Université proposeront des formations, à destination des compagnons jusqu'aux responsables. Nous souhaitons également faire évoluer notre plan d'épargne entreprise (PEE) afin de mieux associer tous les collaborateurs. Enfin, nous avons lancé la démarche Great Place to Work : 86 % des compagnons, Etam et cadres y ont répondu, nous attendons à présent les résultats.

Comment la crise des matériaux vous impacte-t-elle ?

L. C. : Nous ne déplorons aucun chantier à l'arrêt, mais, sur certains sites, l'impact financier est important car nous payons le prix fort pour respecter les délais. Je reste serein dans cette crise si elle ne dure pas trop. En pleine pandémie, nous avons pris l'habitude de dialoguer avec toutes les parties prenantes et nous avons tous une bonne compréhension des enjeux de chacun.

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